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  • : La Confrérie Saint Sébastien de Bligny-sur-Ouche
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20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 12:00

Monsieur le Superieur, Chers Confrères, Mesdames et Messieurs, Parcourant nos églises de France, j’aime à en connaître les vocables qui disent tant de la vie de nos villages. Les statues qui les ornent sont un peu comme un album de photos de famille, elles nous parlent d’un temps où l’église était au centre de toutes les activités humaines. Je vais découvrir tout à l’heure votre église où de si nombreux paroissiens ont sollicité l’aide de Saint Sébastien et Saint Roch. Vous connaissez tout de la vie et de la mort de Sébastien ami de Dioclétien empereur reconnu pour ses qualités d’homme d’état mais cruel envers les chrétiens, si cruel que les coptes d’Egypte font débuter leur calendrier au premier jour des persécutions. N’étant ni athlète, ni archer, ni gendarme, ni même tapissier, je me suis interrogé sur le lien possible de ce Saint Homme et de l’activité sociale qui est la nôtre, à savoir être bénévole au sein d’une Maison d’Arrêt. Saint Sébastien est associé ici, comme souvent, au culte de Saint Roch pour lutter contre ce fléau qu’était la peste. Saint Roch m’est plus familier, venu sur terre mille ans plus tard, il est donné comme protecteur des pauvres et des prisonniers et le lien devient alors possible. Je suis donc maintenant en mesure de vous dire ce qu’est un Accueil au sein de la prison. La Confrérie a choisi la devise « Faire fidèle devoir » Elle est exigeante, elle devient mienne en ce jour, elle m’interpelle aussi sur mon activité de bénévole auprès des familles et amis de personnes détenues. Cette présence n’est pas une occupation de retraité, ni pour moi-même ni pour toute l’équipe, elle est engagement auprès de personnes ballottées par la vie, le plus souvent victimes elles-mêmes d’une situation non voulue, provoquée par un père, une mère, un fils, une fille, que sais-je …mais aussi parfois par la malchance, la misère. Combien est douloureux ce passage sous le portique, cette fouille ; même si nous en comprenons l’importance, pour vivre l’angoisse ou la joie de retrouver la personne détenue de cette jeune mère et son enfant, de cette grand-mère accablée par la honte, de cette personne handicapée dans son fauteuil roulant et de tant d’autres familles en difficulté. Nous ne faisons pas d’angélisme, nous sommes là pour écouter, pour nous rendre disponible à toute doléance, à toute question posée. Nous devons être discrets et attentifs à toutes les demandes, à s’occuper des enfants qui n’iront pas aux parloirs. Nous ne jugeons pas, nous ne sommes pas là pour donner un conseil. Nous orientons les personnes qui nous demandent de l’aide vers des organismes compétents ; à titre d’exemple le service d’insertion et de probation (SPIP) le juge d’application des peines, les services pénitentiaires …mais également des associations travaillant à l’intérieur de la prison, comme les associations des visiteurs de prisons (ANVP) le Courrier de Bovet (lettres aux détenus) le service scolaire assuré par les étudiants du GENEPI, les Relais enfants-parents, le Secours Catholique, les Aumôneries…Les familles sont reçues dans un local mis à disposition par la Maison d’Arrêt pour l’association tous les jours de parloirs, soit trois jours par semaine y compris pendant les congés de fin d’année. Nous assurons 3500 heures d’accueil par an avec 28 accueillants actifs (sur 42 adhérents) et vous comprenez que notre planning est parfois difficile à gérer. Mais comme pour beaucoup d’associations caritatives, la place des femmes y est très importante et nous les en remercions. On ne devient accueillante ou accueillant qu’après 6 mois de probation et d’encadrement par un ancien. L’accueil dispose de toilettes, d’un coin pour langer les enfants et d’un coin enfants avec des livres et des jeux, une salle d’attente et une salle servant de bureau nous permettant de recevoir de façon un peu plus confidentielle. Il est en quelque sorte un sas de décompression où nous essayons de donner un peu de réconfort et de chaleur humaine. Nous servons à la demande des cafés ou des boissons non alcoolisées. Nous réalisons quelques tâches telles que l’aide à la prise de rendez-vous, le transfert et l’identification des colis destinés aux détenus, certains courriers adressés aux familles et faire le ménage après chaque série de parloirs. Tout ceci se fait dans une bonne compréhension des règles de l’Administration pénitentiaire et en bonne intelligence avec les agents de la prison. Cette association, comme beaucoup en France est d’origine chrétienne où l’on retrouve localement comme membres fondateurs, le Secours Catholique et Emmaüs. Elle est maintenant non confessionnelle mais nous n’oublions pas ce sentiment de solidarité entre bénévoles et nous savons que chacun de nos actes retentit sur la vie du groupe. Nous savons aussi que tout écart au règlement intérieur aura des conséquences pour l’ensemble des bénévoles. Notre désir est de faire le bien, et pour être bien sûr de notre pratique, nous faisons une remise à niveau tous les ans par des formations avec des spécialistes du monde carcéral. Nous ne demandons rien pour nous même, nous sommes au service des autres. Consciemment ou non, nous savons que l’Esprit Saint est là quand nous sommes dans la difficulté. Il nous aide à vaincre nos préjugés, nos craintes. Le monde de la prison est un monde de violence dont nous voyons les ravages sur ceux que nous recevons et il n’est pas toujours facile de trouver le mot qui soulage, le geste qui aide, le silence qui est plus fort que la parole. Comme bénévole il peut y avoir le doute, la fatigue mais jamais l’envie d’arrêter sauf en cas de maladie où quand vient l’âge de partir. En regardant la vie de Saint Sébastien telle que transmise par la Tradition, comment ne pas être frappé par son acharnement à vouloir témoigner de sa foi après une double condamnation à mort. Il me semble que nous aurons besoin de son exemple, il nous enseigne la persévérance et pour ceux d’entre nous se disant chrétiens, à faire confiance au Christ qui est mort et ressuscité pour tous les hommes libres ou condamnés. L’appartenance à la Confrérie sera un aiguillon pour l’accomplissement de la mission qui m’a été confiée.

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